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República de Colombia
DEPARTAMENTO DEL PUTUMAYO
Ce document décrit le projet "UN PUTUMAYO
SANS COCA, AVEC DEVELOPPEMENT SOCIAL, ET SANS FUMIGATION", où
nous prônons une gestion des politiques d'éradication des
cultures de coca dans le Putumayo basée sur une perspective sociale
et sur le partage des responsabilités au niveau global.
Urbaine | Rurale | Total | Hommes | Femmes | Enfants
(0 a 14 ans) |
Population indigène
(11 Ethnies) |
|
Population | 110.582 | 230.931 | 341.513 | 181.449 | 160.064 | 140.569 | 30.000 |
% | 32.38 | 67.62 | 100 | 53.13 | 46.87 | 41.16 | 8.78 |
Le territoire compte un parc naturel, le parc de La Playa,
d'une superficie de 422000 hectares, et où l'on trouve zones humides,
forêt tropicale et plusieurs zones protégées comme
le Paramo de Quilinsayaco, la chaîne des Churumbelos, et les sources
des fleuves Caquetá et Putumayo, dans le Massif Colombien.
Type de couverture | Surface (km2) |
Forêt andine | 726 |
Forêt amazonienne | 15,625 |
Agro-écosystème andin fragmenté | 4,018 |
Agro-écosystème andin | 232 |
Agro-écosystème amazonien | 4,949 |
TOTAL | 25,550 |
Au cours de l'histoire, le système économique régional s'est caractérisé par un enclavement basé sur l'extraction sélective de ressources naturelles par des moyens peu coûteux, avec une valeur ajoutée nulle ou minime pour le territoire du Putumayo, et dont les seuls bénéficiaires étaient des groupes étrangers à la région. Ç'a d'abord été le caoutchouc, puis le pétrole, et aujourd'hui la coca.
La présence de l'état dans la région n'a rien changé à cette situation, l'état n'ayant jamais mis en place un véritable processus de planification, qui aurait permis au département de gérer son propre développement en fonction de critères de compétitivité et d'intégration sociale. De ce fait, les colons de la région ont développé de manière spontanée, et en général irrégulière, des processus productifs auxquels l'état a réagi tardivement, au lieu de les anticiper en les planifiant. La preuve en est qu'à compter de la seconde moitié du siècle dernier on n'a considéré le Putumayo que comme une base pour établir et maintenir la présence de militaires et de colons, afin d'assurer le peuplement et garantir la souveraineté le long des frontières avec l'Equateur et le Pérou. Par la suite, on l'a considéré comme un espace inoccupé éventuellement susceptible de devenir réserve forestière, puis comme une réserve pour l'exploration et l'exploitation pétrolière, et finalement comme une frontière vers laquelle on canalise la population expulsée de l'intérieur du pays, afin d'alléger la pression sur les grandes agglomérations. Ces différentes périodes se sont empilées, et forment aujourd'hui une scène où se donne un conflit social avec divers acteurs et un seul mobile: les cultures de feuille de coca.
L'emploi généré par l'économie
de la coca est totalement anormal, en ce qu'il n'existe pas de relations
formalisées dans le monde du travail, et encore moins de sécurité
sociale. Le commerce local se contente de fournir les forces de production
en électroménager, nourriture et habillement. L'énorme
rentabilité de l'affaire reste donc étrangère aux
habitants du Putumayo, qui n'y ont vu que des mirages d'enrichissement
rapide et qui n'en ont retiré qu'une réalité quotidienne
faite de pauvreté et de violence.
Superficie moyenne cultivée par famille | 2,3 hectares |
Nombre de récoltes par hectare et par an | 5,92 |
Rendement en pâte base de coca par hectare | 0,36 kilo |
Valeur moyenne au producteur par kg de pâte base | 600 $ |
Revenus bruts obtenus avec la coca par an et par famille | 18 216 $ |
Coûts de production pour 2,3 hectares | 12 805 $ |
Revenus annuels nets par famille | 5 411 $ |
Revenus mensuels nets par famille | 451 $ |
journées de travail / an | 10 736 344 |
journées de travail / an dans les cultures industrielles | 8 589 105 |
Journées de travail / an dans les cultures familiales | 2 147 229 |
Emplois générés / an dans le département grâce à la culture de la coca | 44 735 |
Emplois familiaux générés / an | 8 947 |
Deux phénomènes de proportions dramatiques sont apparus autour de l'économie de la coca. Le premier est lié à la culture mafieuse qui caractérise le commerce de la coca, et qui se traduit par des règlements de comptes sanglants, d'où un taux d'homicide très supérieur à la moyenne nationale. Ainsi, en 1996, 51% des morts dans le Putumayo étaient dues à un homicide, et en 1997 ce taux est passé à 62%. Le second phénomène est l'implication indirecte des acteurs du conflit armé dans le commerce de la drogue, d'où une confrontation armée pour le contrôle du territoire, dans laquelle la principale victime est la population civile, qui a dû se soumettre aux exigences commerciales et militaires de la faction établie sur un territoire donné.
En sus du drame économique et social que nous avons décrit, il faut souligner les dégâts causés à l'environnement par l'économie de la coca. La déforestation sans discrimination, l'altération des processus biophysiques et la disparition de zones de haute biodiversité dans l'Amazonie ont déplacé la frontière naturelle vers des régions reculées. On estime que pour chaque hectare de coca plantée, près de 4 hectares de forêt sont détruites; pour le pavot, le rapport est de 1 à 2,5 (GEMSI Lda, in Revista UNAL, 2000). L'impact sur l'environnement des cultures de coca est multiplié par l'utilisation de pesticides et de fertilisants pour maximiser la production et le rendement. Il a été calculé que pour chaque hectare de coca sont déversés dans l'environnement plus de 800 kg de substances chimiques, parmi lesquelles ciment, chaux, essence, acide sulfurique, soude caustique, pesticides, herbicides et fertilisants.
Les fumigations dans le département du Putumayo sont effectuées sans tenir en compte les communautés présentes, provoquant de sérieux problèmes de sécurité alimentaire dans les zones affectées, qui s'ajoutent à la détérioration de l'environnement et à l'aggravation du conflit social dans la région. Les procédures établies pour les fumigations par glifosate, définies dans la Résolution numéro 005 du 11 août 2000 du Conseil National des Stupéfiants, n'ont pas non plus été prises en compte.
Cette situation est aggravée lorsque le paysan producteur de feuille de coca repousse la frontière agricole pour planter de nouvelles cultures de coca, lorsqu'il ne peut compter sur des projets alternatifs viables.
L'éradication de la coca par des moyens agressifs
et non concertés avec la communauté comme la fumigation a
été un échec au niveau national. A mesure que les
cultures illicites sont fumigées, les paysans en plantent d'autres
(voir tableau ci-dessous).
ANNEE | Cultures de coca
(hectares) |
Zones éradiquées
(hectares) |
% d'éradication |
1992 | 41 206 | 944 | 2,3 |
1993 | 49 787 | 846 | 1,7 |
1994 | 46 400 | 1 420 | 3,0 |
1995 | 53 200 | 25 420 | 47,7 |
1996 | 69 200 | 23 402 | 33,3 |
1997 | 79 100 | 41 797 | 52,8 |
1998 | 101 800 | 49 527 | 48,7 |
1999 | 122 000 | 44 195 | 36,2 |
Par ailleurs, l'augmentation de zones cultivées de coca détériore la biodiversité, entraîne la destruction de zones protégées (parcs naturels et systèmes protégés), générant des altérations physiques et biologiques, et un déséquilibre de l'écosystème.
Finalement, la persistance des politiques répressives d'éradication de la coca donne la sensation que le partage des responsabilités au niveau global, nécessaire pour combattre le trafic de drogue, n'est qu'un concept théorique puisque ce sont les producteurs qui continuent à payer le plus lourd tribut, alors que la consommation continue de plus belle.
C'est dans ce contexte que s'inscrit ma proposition d'"UN PUTUMAYO SANS COCA, AVEC DEVELOPPEMENT VIABLE ET SANS FUMIGATION", qui part d'un présupposé fondamental: la nécessité d'un accord entre l'Etat Colombien, la société civile du Putumayo, ses entités territoriales et la communauté des nations, pour définir une politique cohérente et à long terme de développement de la région amazonienne, qui garantisse la fin du modèle d'extraction qui a prévalu tout au long de l'histoire du Putumayo et de l'Amazonie.
Nous proposons d'exécuter cet accord selon deux grands scénarios:
Respectueusement,
IVAN GERARDO GUERRERO GUEVARA
Gouverneur du Département du Putumayo
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