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Dans le débat électoral, le candidat présidentiel Luis Eduardo Garzón a exprimé une position claire qui propose l’arrêt des fumigations chimiques et de la répression contre les populations (paysans et indigènes), ainsi que les autres stratégies d’éradiquation forcée, qui s’accompagnent de violations du droit humanitaire. Comme le dit son programme de gouvernement, « Lucho » s’est également prononcé en faveur d’ « une reformulation complète des politiques anti-drogues axées sur la santé et l’éducation publique, abandonnant l’approche prohibitionniste et répressive actuelle et ouvrant le débat scientifique et politique sur les alternatives de légalisation au niveau national et international ». Selon ces propositions, non seulement on doit réduire les dommages causés par l’abus de substances « pshychotropes » et par les politiques de contrôle de la demande, mais il faut également, dans les pays où se concentrent les cultures, arrêter d’incriminer les producteurs, premier maillon de l’offre. La « réduction des dommages » (harm reduction) et la dépénalisation de la consommation, constituent une politique incomplète si on continue la guerre du côté de l’« offre ». La Colombie manque d’une politique autonome, basée sur ses conditions et besoins particuliers. Au niveau international, il faudrait redéfinir les termes de la « responsabilité partagée » et rediriger la « répression légimime » (Law enforcement) vers les réseaux financiers, le trafic de précurseurs chimiques et le narcotrafic. Il est clair que la recherche d’alternatives intégrales et positives requiert également des composants structurels économiques et sociaux, comme des politiques démocratiques de réforme agraire et de reconstruction de l’économie paysanne, d’aménagement du territoire et d’emploi. |
Trafic de stupéfiants et stratégies anti-drogue
Le premier aspect est l'économie illégale de la drogue qui a trois composants de base, (1) la production des récoltes illicites et le traitement des matières premières pour le marché mondial; (2) le trafic, qui inclut non seulement les exportations mais également les activités liées comme le blanchiment d'argent -probablement l'aspect le plus important car il concerne l'économie illégale- (3) en dernier lieu l'abus de stupéfiants et les problèmes liés à la consommation.
Le second aspect concerne les stratégies anti-drogues fondées sur le paradigme du prohibitionniste qui est à la base des stratégies publiques. Les stratégies anti-drogues en Colombie sont étroitement liées au programme bilatéral avec les Etats-Unis. La « narcotisation » du programme bilatéral -aggravée par son influence sur les autres problèmes traités avec Washington- a signifié une perte totale de l'autonomie de la Colombie pour traiter le problème de la drogue, car la gestion de ce problème est devenu un instrument pour la négociation d'autres sujets stratégiques pour le gouvernement.
Au vu de ce qui précède, et dans un souci de trouver une
proposition alternative qui différencierait les différents
composants du circuit de la drogue, nous suggérons une analyse selon
trois niveaux de base, afin d'avoir une idée plus claire des problèmes
et des moyens pour les aborder. Le tableau ci-dessous résume cette
approche:
Différences entre les niveaux de base du circuit de la drogue
et conséquences politiques
Etapes dans le circuit des drogues illégales | Stratégies | Niveaux de gestion par l'état | Instances du gouvernement responsables | Coopération internationale |
Production | Développement alternatif | Autonomie avec critères coopératifs | Environnement, agriculture et développement | Coopération technique pour le développement |
Traitement et trafic | Application de la loi | Accords internationaux de responsabilité partagée | Ministre de la justice, police, pouvoir judiciaire, contrôle financier et Directoire national anti-stupéfiants | Systèmes d’information, accords et répression du blanchiment d’argent, consultance sur la confiscation de biens, coopération judiciaire |
Problèmes liés à l'abus et la consommation | Santé publique | Autonomie avec critères coopératifs | Santé publique et mairies | Expériences vécues de traitement de l'abus de stupéfiants |
La réduction du traitement du problème à des « projets » et leur financiation (comme cela a été le cas jusqu'à présent) n'est absolument pas un principe de gestion approprié, s’il ne s’inscrit pas dans le cadre de stratégies prédéfinies et d’une politique nationale dans le domaine des drogues.
En termes de production, la politique se concentre sur:
Une politique des drogues pour la Colombie qui contiendrait des concepts et des pratiques de co-responsabilité internationale.
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