Lettre ouverte de Jorge Lopez Palacio à ses proches
Raul Reyes et Liliana Lopez Palacio,
Commandants des FARC
Question : "Don Domingo, pourquoi êtes-vous l'unique conservateur de Circasia qui se promène sans arme?" Réponse : "Parce qu'un mort armé, c'est vraiment moche."
(Domingo Lopez Grajales,
grand-père paternel de Liliana et Jorge Lopez Palacio)
Cher Raul Reyes, père
de ma nièce "Etoile du Matin",
Chère Liliana, ma
soeur, honnête et dévouée combattante pour la liberté et la dignité de notre
peuple,
C'est depuis mon triste exil de vingt longues années que je vous écris cette lettre ouverte. Plus qu'une lettre, elle est un cri, un hurlement de douleur face à la perte évidente des valeurs fondamentales de l'humanisme pour guide de toute action révolutionnaire. Cette mort de l'humanisme révolutionnaire dans la résistance inégale que vous livrez contre un ennemi féroce et génocidaire dans notre "Colombia, Paloma Herida", représente une défaite un million de fois plus grave que la perte de cent batailles militaires. En effet, quand nous les révolutionnaires, trahissons le principe éthique universel "la fin ne justifie pas les moyens", nous nous comportons comme se comportent nos ennemis car pour les fascistes de tous temps, "la fin justifie les moyens", même les plus sanguinaires comme nous l'ont si bien montré les partis libéral et conservateur colombiens, les deux têtes d'un même parti fasciste. Depuis le dix-neuvième siècle, ces deux partis ont semé la violence et la haine dans tout notre pays. Cette caste dirigeante criminelle est bien sûr la première responsable de la "culture de la violence" et de sa perpétuation en Colombie. Et pour sûr, cette histoire sanglante s'éternise en raison des intérêts mesquins des puissances militaires et économiques de l'Europe et plus encore de la volonté impérialiste des Etats-unis d'Amérique! Oui, ceci est vrai, vrai comme l'est le droit individuel et collectif à la résistance, même armée, droit que les peuples du monde ont assumé de façon exemplaire contre les nazis durant la seconde guerre mondiale. Mais il est vrai aussi que nombre de résistances héroïques se sont transformées en de nouvelles formes d'oppression, voire en tyrannies beaucoup plus cruelles que celles de leurs prédécesseurs. Un exemple macabre parmi d'autres est celui du régime communiste des Khmers rouges au Cambodge, un régime génocidaire de son propre peuple et ce, au nom de la révolution, au nom du "marxisme-léninisme". Je ne citerai pas d'autres exemples terribles de la tragique histoire révolutionnaire du vingtième siècle.
Raul
et Liliana, peut-être vous demandez-vous : "Comment Jorge peut-il encore
se dire "révolutionnaire", s'il considère que tous les
révolutionnaires sont des criminels, traîtres à leur propre cause?" Cette question me parait complètement fondée
et ma réponse est la suivante :
"Je suis révolutionnaire parce que je n'accepterai jamais la transformation du principe éthique "la fin ne justifie pas les moyens" en son contraire "la fin justifie les moyens".
Par
exemple, je n'accepterai jamais que l'enlèvement d'Ingrid Betancourt soit une
action révolutionnaire. Enlever une femme désarmée, candidate à l'élection
présidentielle pour le parti écologique qu'elle a créé, parti en aucun cas
assimilable aux partis criminels libéral et conservateur, est un acte de
lâcheté morale, politique et philosophique de la part d'une armée qui
s'auto-proclame "armée du peuple". Cet enlèvement, immoral comme tous
les enlèvements, est de plus impopulaire. Transformer Ingrid Bétancourt en bouc
émissaire des crimes odieux commis par les fascistes colombiens contre les
militants et contre les candidats de l'Union Patriotique à la présidence de la
République est un acte d'aveuglement politique. Un acte que n'aurait jamais
approuvé Karl Marx, car Marx n'était pas "marxiste" et il n'aurait
jamais été léniniste et encore moins staliniste. Ingrid Betancourt,
indépendamment de son extraction sociale (la même que la nôtre, chère soeur),
est une citoyenne, elle fait partie de la "population civile". Si
elle n'est pas "marxiste-léniniste", elle n'appartient pas non plus à
l'extrême-droite. Ingrid Betancourt a droit de dire son désaccord avec les
FARC. Je ne voterai ni pour elle, ni pour aucun des autres candidats, mais je
considère que mon devoir moral de citoyen colombien est d'exiger, et si exiger
vous parait trop arrogant, de vous supplier vous, et les autres commandants des
FARC, de débattre à l'intérieur de l'Etat-major et du secrétariat, sur le
suicide moral, politique et militaire que représente ce type d'action. Libérez
Ingrid Bétancourt et toutes les personnes séquestrées. Ne vous enfoncez pas
davantage dans le déshonneur. Liliana, tout ton travail diplomatique de
plusieurs années, tes camarades sont en train de le détruire avec ce type
d'actions brutales. ARRETEZ DE RETOURNER VOS ARMES CONTRE LES CIVILS DESARMES.
Je vous le demande en tant qu'artiste du peuple colombien, en tant que parent
et citoyen.
Suicide
moral et politique encore, cette menace de mort prononcée contre les personnes,
contre le "peuple", qui oseraient participer aux élections. Ces
élections sont grotesques, j'en conviens, mais elles ne peuvent justifier une
mesure si totalitaire et démentielle. Allez-vous, après tant d'années de lutte
et de sacrifice, vous comporter comme de vulgaires Khmers rouges ? Parce que je
suis un homme de gauche, parce que je suis un humaniste, je dénonce ce type de
"décrets guérilleros" avec lesquels vous vous engluez dans les sables
mouvants du pire des stalinismes. Avec ce type d'arrogance, vous transformez
des milliers d'amis en ennemis, des milliers de guérilleros, jeunes filles et
jeunes hommes dans la fleur de l'âge en délinquants, car un résistant qui
retourne son arme contre une personne désarmée, de résistant qu'il était,
devient ennemi du peuple qu'il prétend libérer. Avec ce type d'arrogance
militaire, vous donnez des justifications à notre principal ennemi. Dans sa
Maison Blanche, il doit danser de joie à chacune des vilenies que vous
décrétez, à chacune des infamies que vous commettez.
Suicide
politique celui d'un Alfonso Cano, quand il dit crûment : "Moi, avant
d'être anthropologue, je suis guérillero". Et moi, Jorge lopez Palacio,
musicien, anthropologue et dans ma jeunesse, petit et ridicule "guérillero
haute-contre", je lui réponds: "Alfonso Cano, si vous aviez été
d'abord anthropologue et ensuite guérillero, vous auriez, en tant que
commandant, épargné aux FARC l'affrontement avec les organisations indigènes de
tout le continent américain depuis l'Alaska jusqu'à la Patagonie. J'ai entendu
dire que même les philosophes aborigènes d'Australie vous détestent."
Je
pense que nous les révolutionnaires colombiens, sommes profondément
responsables de notre décadence éthique. En effet, bien peu d'entre nous se
sont confrontés au passé et au présent
honteux des révolutions "marxistes-léninistes" du vingtième
siècle. Le futur du socialisme en
Amérique Latine dépend de la reconnaissance courageuse par les dirigeants
révolutionnaires, de la véracité et de la gravité des crimes commis au nom du
communisme et du socialisme, au nom des luttes des travailleurs du monde.
Continuer à penser que les crimes de nos ennemis sont des crimes, comme cela
est normal, et que les nôtres sont de simples "bavures", démontre un
manque d'éthique et de morale impardonnable pour des gens aux prétentions
révolutionnaires. La double morale est un piège, la vérité toujours émergera.
Aujourd'hui, nous pouvons nous mentir à nous-mêmes, mentir aux autres mais
demain la vérité fera irruption comme un volcan et nos enfants nous demanderont
des comptes. Aucune "cause juste" ne nous absoudra pour notre cynisme
et notre condescendance face à la barbarie. Pousser à la guerre, à la haine
jusqu'à la conflagration totale, jusqu'à la "vietnamisation de la
cordillère des Andes", est un crime contre l'humanité que les générations
présentes et futures ne pardonneront jamais aux commandants des partis
extrémistes qui ont pris en otage l'histoire politique, sociale, culturelle et
économique de notre pays. Le fascisme et le stalinisme ont besoin l'un de l'autre
pour exister et pour cela même ils doivent porter le conflit à son paroxysme
tellurique, là où les hommes se transforment en fer, en acier, en pierre, en
feu. Oui, je dis bien les hommes, car si les femmes, à quelques honteuses
exceptions près, avaient l'opportunité de gouverner, elles seraient plus
justes, plus dignes, moins brutales que nous, féroces mâles de la horde. Aussi,
quand une femme se lance à l'assaut de la présidence de la République, avec une
proposition indépendante, écologique de plus, c'est-à-dire
"inoffensive", les FARC l'enlèvent-ils. Ils menacent de l'assassiner
lâchement dans un an si l'Etat ne libère pas les guérilleros prisonniers, comme
si elle, cette femme physiquement fragile, mais courageuse et forte moralement,
avait torturés et mis ces derniers en prison. Evidemment, dans les FARC, le
respect pour les femmes a ses limites! Si 40% des combattants sont des femmes,
le secrétariat ne compte que des hommes. Alors est-ce que ce sont les muscles,
oui les muscles, qui décident de la répartition du pouvoir et des
responsabilités?
Pour finir, voici
résumée ma position radicale et révolutionnaire:
Non au
fascisme et au totalitarisme de droite,
Non au stalinisme, au totalitarisme de gauche,
Non au
capitalisme sauvage, à l'ultra néo-libéralisme,
Non à l'utilisation de moyens mafieux sous des prétextes
révolutionnaires (extorsions, enlèvements, assassinats de sang-froid de
personnes désarmées et d'otages qui ne peuvent pas acheter leur libération).
Vous, les marxistes avez transformé la liberté en marchandise.
Non à la "pensée unique", qu'elle soit de
droite, du centre ou de gauche,
Non à l'obligation, sous menace de mort, d'appartenir sa
vie durant aux organisations de guérilla, car cette militance
"éternelle" ressemble trop à l'esclavage,
Non au recrutement de combattants mineurs, chair à canon
fraîche, alors que les "vieux" commandants meurent d'infarctus après
plusieurs décennies passées sans s'exposer dans les combats,
Non à
l'enlèvement d'enfants, bassesse parmi les bassesses. Difficile de trouver des
mots suffisamment forts pour désigner un tel degré de lâcheté,
Non à
la perpétuation d'une résistance armée minoritaire qui loin de nous conduire à
la "victoire révolutionnaire", nous mène inévitablement à une guerre
civile proche de la guerre civile espagnole et à une vietnamisation de la
cordillère des Andes dont le coût infâme pourrait être de plusieurs millions de
latino-américains morts,
Non au "maccarthysme", c'est-à-dire à la
persécution politique et à l'assassinat des communistes et des membres désarmés
d'autres organisations et partis de gauche,
Non
aux dictateurs de toutes les tendances:
Non à
Lénine, non à Staline, non à Trotsky, non à Mao, non à Pol-Pot, non à
Miloscevic, etc, etc, etc...
Non à
Fidel Castro en Iran, prononçant un discours élogieux sur la révolution
islamique et déposant honteusement des fleurs sur la tombe du cavernicole
Khomeiny. Fidel a-t-il oublié que les islamistes de Khomeiny, une fois arrivés
au pouvoir, ont massacré toute la gauche iranienne? Non à Fidel Castro
transmettant le pouvoir à son frère et transformant ainsi Cuba et sa digne
révolution en une ridicule " Monarchie communiste bananière" dans une
Corée du Nord caribéenne,
et de l'autre côté:
Non à
Hitler, non à Franco, non à Mussolini, non à Pinochet, non à Bush, non à
Sharon, non à Oussama Ben Laden, non à Uribe Velez, non à Laureano Gomez, non à
Ospina Perez etc, etc, etc.... dans nos forêts, parcourant nos plaines, sur nos
volcans, dans nos hameaux et villes, dans nos temples et dans nos universités,
Non au terrorisme sous toutes ses formes. Non à
l'utilisation cynique du concept "dégats collatéraux" pour se laver
les mains de la mort d'innocents pendant les attentats et les combats. Tout
"dégat collatéral" est un "crime collatéral" de quelque
côté qu'il vienne,
Non à la lâche utilisation de la population civile comme
bouclier humain pour se protéger des attaques de l'ennemi,
Non à la vengeance comme projet politique et culturel,
Non à la déshumanisation léniniste et staliniste. Lénine
ne criait-il pas textuellement
"Pendez, fusillez" durant sa campagne d'extermination physique
de la gauche démocratique et de la paysannerie russe,
Non à la menace indécente du commandant écrivain des
FARC, Gabriel Angel, quand il affirme : "En Colombie il n'y a pas deux
gauches, en Colombie il ne peut y avoir qu'une gauche, la nôtre,
l'extrême". Gabriel Angel pense-t-il vraiment réaliser en Colombie le
modèle léniniste d'extermination physique de la gauche démocratique? Je ne peux
le croire,
Non à tout type de dictature, qu'elle soit
"raciale", bourgeoise, prolétarienne,
Non au racisme, de quelque "couleur" qu'il
provienne,
Non à la transformation démagogique, léniniste et
staliniste du Marx philosophe, scientifique et humaniste, en un Marx de poche
mystifié, mythifié, prophète c'est-à-dire dogmatique et religieux. Non à la
transformation de sa science en religion, en un dogme de foi imposé par les
armes,
Non à l'invention ridicule, aberrante et démagogique d'un
Bolivar "marxiste-léniniste",
Non à l'impunité et au silence pratiqué par l'Etat
colombien et la presse nationale et internationnale sur le génocide commis
contre l'Union Patriotique et les autres organisations politiques qu'elles
soient de gauche, syndicales ou de droits humains.
Oui,
au Libérateur Simon Bolivar, grand danseur vénézuélien, romantique et rêveur,
partisan d'une Amérique Latine libre et démocratique, révolutionnaire du siècle
des Lumières, trahi et calomnié par les aïeux des actuels détenteurs du pouvoir
dans nos pays andins,
Oui à Manuelita Saenz, belle équatorienne, amante
lumineuse et libératrice du libérateur, fondatrice du féminisme
latino-américain, combattante d'un grand courage comme tant de femmes de par le
monde,
Oui à Emiliano Zapata, symbole indiscutable de la
résistance indienne et paysanne latino-américaine, assassiné après avoir déposé
les armes,
Oui à
Julio Cesar Sandino, résistant nicaraguyen, symbole de la dignité des peuples
latino-américains, assassiné après avoir déposé les armes,
Oui à
Camilo Torres Estrepo, mon maître et mon ami, prêtre et sociologue, mort au
combat pour cause de son angélique et tragique ingénuité et de la perversité de
Fabio Vasquez Castano, commandant de l'ELN qui l'a entraîné désarmé et sans
aucun entraînement militaire dans une embuscade. Fabio Vasquez Castano n'aimait
pas la lucidité intellectuelle et la force morale de Camilo. Elles lui
faisaient de l'ombre,
Oui à Ernesto Che Guevara, Quichote blessé et ensuite
assassiné sur les ordres du Pentagone. Ce guérillero, ce résistant, n'aurait
jamais commis l'ignominie de tirer une balle dans la tête à une personne
enlevée parce qu'elle ne pouvait pas se déplacer dans la forêt à cause de son
âge et de sa faiblesse physique. Ce type de crime a été commis maintes
occasions par les organisations armées révolutionnaires de Colombie,
Oui à
Salvador Allende, socialiste, président élu du Chili, grand humaniste,
"suicidé" par le fasciste Pinochet sous le regard bienveillant
d'Henry Kissinger,
Oui à
Jorge Eliecer Gaitan, candidat libéral à la présidence de la République de la
Colombie, assassiné en plein campagne électorale,
Oui à Jaime Pardo Leal, candidat pour le parti légal
Union Patriotique, à la présidence de la République de Colombie, assassiné en
pleine campagne électorale,
Oui à Bernardo Jaramillo, candidat pour le parti légal
Union Patriotique à la présidence de la République de Colombie, assassiné en
pleine campagne électorale,
Oui à Carlos Pizarro, ex-commandant du mouvement
guérillero M19, candidat à la présidence de la République de Colombie après
avoir abandonné la lutte armée, assassiné en pleine campagne électorale,
Oui à Luis Carlos Galan, candidat libéral à la présidence
de la République de la Colombie, assassiné en pleine campagne électorale,
Oui à Jaime Bateman Callon, guérillero libre penseur,
initiateur d'une résistance armée inspirée par un véritable idéal bolivarien,
libertaire et démocratique, rebelle à tout dogme totalitaire de droite ou de
gauche, mort de manière mystérieuse,
Oui à Eduardo Umana Mendoza, mon ami, fils de mon maître
Eduardo Umana Luna, parents de Camilo Torres Estrepo, avocat défenseur des
prisonniers politiques et des droits humains, assassiné dans son bureau,
Oui à Benjamin Dindicue, mon ami, dirigeant pacifique du
conseil régional indigène du Cauca (CRIC) assassiné comme beaucoup de ses
frères indiens par l'Etat colombien,
Oui à Manuel Quintin Lame, dirigeant indien pacifique des
Andes du Cauca, mis en prison 108 fois. Manuel Quintin Lame représente l'union
surréaliste du profond chamanisme indo-américain et de la philosophie
révolutionnaire du siècle des Lumières,
Oui aux cimarrons, valeureux résistants afro-américains,
guerriers noirs comme la nuit et, à l'instar de la nuit, mystérieux et
profonds, méprisés, oubliés de nous tous, blancs et moins blancs dans cette
Colombie raciste, raciste et encore raciste même si cela fait mal!
Oui à un socialisme généreux, respectueux du pluralisme
idéologique, culturel, économique et politique,
Oui au respect radical des droits humains et à la reconnaissance
de leur universalité,
Oui au respect des mouvements civiques indépendants,
Oui au
droit à ne prendre parti pour aucune des extrêmes,
Oui à la paix afin que la population civile dans son ensemble puisse assumer l'avant-garde du processus historique et social, culturel, économique et politique, avant-garde usurpée par les militaristes de toutes les tendances,
Oui à
la résistance pacifique et collective, unique issue possible en ce 21ième
siècle chargé de menaces apocalyptiques engendrées par le pouvoir
technico-militaire qu'a accumulé l'Empire le plus dangereuux de toute
l'histoire de l'humanité, l'Empire nord-américain,
Oui à la création de nouvelles
formes de luttes basées sur la solidarité, la créativité, l'intelligence, le
respect de la vie, de la sienne et de celle de ses ennemis.
En ce 21ième siècle, les seules victoires possibles sont des victoires éthiques. Ce sont d'elles, de ces victoires morales fondamentales et inévitables, que dépendent les victoires dans chacun des domaines économique, politique, scientifique et artistique.
Chers
parents, commandants des FARC, cette lettre aura peut-être pour unique réponse,
votre condamnation et un rejet viscéral. C'est vrai, elle est agressive, elle
est douloureuse et agressive car elle jaillit de mes os, de mes tripes et de ma
conscience, comme a jailli ma voix pour la première fois dans la douleur de
l'exil, pour la chanson "Colombia Paloma Herida". Elle n'est pas
démagogie politique, car je n'appartiens à aucun parti, à aucune organisation.
Elle est un cri d'horreur face à l'abîme qui s'ouvre à nos pieds, aux pieds de
nos peuples, aux pieds de nos enfants.
Et
encore,
Oui à
l'amour de la vie,
Non à
l'amour de la mort,
Non à
la poursuite du génocide en Colombie,
Oui à
une véritable démocratie,
Avec
amour et douleur,
Jorge
Lopez Palacio.