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Emilio Constantino
“Darwin a souligné la doctrine de Malthus selon laquelle la vie organisée tend à croître au delà des moyens de subsistance, il a aussi repris avec emphase un postulat de Spencer :...seuls les plus aptes survivent... Nous n’avons pas meilleur exemple de ces lois que celui illustré par une plante, la coca. Elle a non seulement résisté à l’épreuve du temps, mais elle a également survécu à la persécution la plus acharnée.”
W.G. Mortimer (1901) History of Coca, the divine plant of the Incas
Désormais, sous le nom infâme de “Plan Colombia”, on pense l’utiliser massivement pour l’éradication de la coca, nouvelle arme dans la guerre anti-drogues que le gouvernement des États-Unis applique en Colombie avec l’aval du gouvernement colombien.
On prétend éradiquer le plant de coca car il est une des matières premières de la cocaïne, produit hautement bio actif qui produit de l’euphorie chez certaines personnes, spécialement celles qui sont déprimées, stressées ou sans auto-stimulation.
Cette cocaïne fait l’objet d’une grande demande dans les pays où une importante partie de la population vit stressée et avec le besoin de fortes stimulations pour pouvoir agir. Une autre caractéristique de ces sociétés consommatrices est la haute disponibilité de ressources économiques à dépenser dans des produits de haute valeur et de qualité, très souvent somptuaires, comme l’est la cocaïne raffinée.
Les cultures de l’Amérique andine et amazonienne, depuis des temps très reculés, ont cultivé de façon rituelle le plant de coca comme plante médicinale, aliment et stimulant léger puisque le contenu en alcaloïdes de la feuille est nettement moindre que dans la cocaïne pure raffinée dans les laboratoires. Pour ces cultures le plant de coca est un cadeau direct des Dieux et ils la vénèrent comme “la divine feuille de l’immortalité”; on calcule qu’elle a été domestiquée il y a plus de 4000 ans et pratiquement toutes les cultures pré-incaïques au Pérou, en Équateur, en Colombie et en Bolivie tenaient la coca pour une importante ressource rituelle et alimentaire à la fois.
Le tentative de destruction ou d’éradication de cette plante implique aussi un autre coup dur pour les cultures aborigènes qui essaient de résister depuis plus de 500 ans pour ne pas être éliminées de la planète. L’éradication de la coca est, de ce fait, un attentat, en opposition totale avec le développement durable et la conservation de la biodiversité, aussi bien biologique que culturelle, que tant de pays consommateurs de cocaïne ont prôné haut et fort ces dernières années. Ce serait une incroyable coïncidence que les pays les plus consommateurs de cocaïne au monde, comme les États-Unis, l’Allemagne, l’Angleterre, la France, la Hollande, l’Espagne et le Japon, soient ceux qui prônent le plus la conservation des forêts tropicales, alors que l’on sait que la production de cocaïne a été la principale cause de la plus importante vague de destruction de forêts et pollution de rivières, tout particulièrement dans les régions tropicales de très haute biodiversité comme le Putumayo, le Caqueta, le Catatumbo et, en général, tout le versant amazonien des Andes en Colombie, au Pérou et en Bolivie.
Déclencher une guerre, qu’elle soit chimique, biologique ou conventionnelle, c’est-à-dire avec des fusées et des bombes, comme c’est le cas dans les régions à plus haute biodiversité et les plus fragiles d’Amérique du Sud, revient à mettre un groupe de fous avec des pierres dans un magasin de luminaires : dans la bagarre, certains recevront un coup mortel, mais les dommages causés seront très graves et nous affecteront tous.
Ces zones uniques, reconnues dans les milieux écologistes et scientifiques comme les « Hot spots » ou « zones brûlantes », sont également des centres d’endémies et des paléo-environnements reconnus, c’est à dire qu’ils sont recouverts de forêts depuis plus de deux millions d’années et de ce fait ont généré des formes de vie tout à fait spécifiques. Certains de ces centres reconnus en Colombie sont justement ceux que nous avons mentionnés. Dans ces régions se concentre la plus grande diversité d’espèces de la planète Terre, et une grande proportion d’espèces sont endémiques de chaque région.
Les concentrations les plus importantes d’espèces d’oiseaux, de mammifères, d’amphibiens, de reptiles, de poissons, d’insectes comme des lépidoptères ou des coléoptères, de plantes à fleurs comme les orchidées et les broméliacées, de plantes alimentaires, de bois d’ébénisterie ou à potentiel industriel, se trouvent précisément dans ces régions. Dans le haut Putumayo, par exemple, plus de 865 d’espèces d’oiseaux ont été recensées, dont 60 sont migratoires et environ 25% sont endémiques au niveau des sous-espèces.
Cette région est aussi reconnue pour être très riche en espèces de papillons diurnes ou Rhopalocère, avec plus de 920 recensés, ainsi qu’en orchidées, dont on ne connaît pas le nombre total existant mais dont les inventaires réalisés jusqu’à présent montrent une énorme biodiversité et un très haut degré d’endémie, y compris un certain pourcentage d’espèces non encore classifiées par la science.
Ces régions sont aussi, d’un point de vue culturel, des centres de concentration d’importantes espèces médicinales, magiques ou d’intérêt biochimique, ainsi que de connaissances traditionnelles sur leur utilisation: le Haut Putumayo et la Vallée de Sibundoy sont mondialement reconnus comme tels.
Toute cette biodiversité et la connaissance traditionnelle des “chamanes” sur leur utilisation subissent des impacts négatifs et sont en grave danger d’extinction du fait de l’application de stratégies de guerre dans ces écosystèmes.
De plus, beaucoup d’espèces d’une grande importance écologique existent dans les régions andines et amazoniennes, parmi lesquelles: Erythroxylon cataractarum; E. fimbriatum; E. gracilipes; E. macrophyllum y E. ulei. Comme il n’a pas encore été trouvé de spécimen réellement sauvage des “Cocas” rituelles E. coca vars. et E. novogranatense, on croit qu’une ou plusieurs de ces 250 espèces sont des parents les plus proches ou des ancètres directs de ces dernières.
Pareillement, d’autres espèces très proches et avec des concentrations différentes en alcaloïdes et autres substances biochimiques sont connues par la science et la tradition culturelle indigène et cohabitent dans les mêmes zones et écosystèmes que les Cocas cultivées. En plus de leur importance au sein de l’écosystème, le potentiel biomédical et biochimique de ces espèces peut être immense.
Du fait de leur proche parenté, puisqu’elles se regroupent toutes sous le même genre, et du fait de similitudes écologiques, le Fusarium oxysporum de forme erythroxylii pourrait les attaquer également, sans faire de distinction entre les espèces. F. oxysporum est connu pour son aptitude à muter. Comme elles ont des densités plus faibles et qu’elles n’ont jamais été exposées à des conditions de manipulation humaine et de culture, les Cocas sauvages pourraient être plus sensibles à l’application massive de spores du champignon par voie aérienne sur l’écosystème.
Avec ce type d’impact, beaucoup d’espèces sauvages des Cocas Erythroxylon pourraient se voir menacées d’extinction.
Plusieurs espèces des papillons rares et menacés Agrias spp. (Nymphalidae: Charaxinae) s’alimentent, au cours de leur état larvaire du feuillage de plusieurs espèces de Coca sauvage. Ce bel insecte a été spécié précisément dans le haut Putumayo et la destruction des Cocas affecterait de façon néfaste la population de ces papillons qui sont déjà rares dans la nature et dont beaucoup d’espèces sont considérées comme étant en voie de disparition.
Certains poissons frugivores, importants dans la pêche et les écosystèmes, comme beaucoup de Characidae: aloses, sabaletas ( Brycon spp.), perches ( Metynnis spp.) et cachamas (Colossoma spp.), qui s’alimentent des fruits de la “Coca des poissons”, Erythroxylon cataractarum, qui tombent à l’eau dans les rapides et les cascades; propre aux abords et torrents des “tepuyes” ou massifs amazoniens d’origine précambrienne.
Les fruits de beaucoup de Cocas sauvages sont un aliment important pour des oiseaux frugivores comme des dindes < Crax, Penelope: Cracidae>, des perdrix <Tinamus, Crypturellus: Tinamidae>, des colombes <Geotrygon, Columba, Leptotila: Columbidae>, des toucans <Ramphastos, Aulacorhynchus, Selenidera: Ramphastidae>, des cotingas <Ramphastos, Aulacorhynchus, Selenidera: Ramphastidae> et des tangaras <Tangara, Ramphocelus: Thraupidae>. Leur élimination aura très certainement une incidence sur la pêche et sur les populations d’oiseaux frugivores, dont plusieurs espèces constituent un gibier important pour les indigènes.
Le yarumo ou guarumo, Cecropia sciadophylla, connu comme “Serico” ou simplement comme “feuille”, pousse spontanément dans les lopins de culture traditionnelle de Coca ; la disparition de la culture de Coca conduirait aussi à la disparition de ce yarumo, important pour l’ajout de cendres et d’éléments alcalins mélangés par les indigènes avec les feuilles de Coca.
Erythroxylon cataractarum est la Coca des poissons dans les territoires Barasana du Vaupés; au lever du jour ses fruits tombent à l’eau où ils sont avidement consommés par plusieurs espèces de poissons; cette source de nourriture est importante car ces rivières aux eaux obscures sont pauvres en nutriments et la pêche n’y est pas abondante pour cette raison. Les poissons s’y alimentent essentiellement de ce qui tombe des arbres des rives, et la pêche dépend donc de ces conditions particulières.
Il existe aussi une “Coca de tapir”, avec un haut contenu en alcaloïdes, dont les tapirs sont d’avides consommateurs, selon les indigènes. “Les tapirs ont les dents tachées de mâcher autant de Coca” disent les Huitotos, qui décrivent ainsi cette habitude de mâcher les feuilles de Coca sauvage qui pousse dans certains secteurs des sous-bois de l’Amazonie colombienne.
Le tapir d’Amazonie est une des plus grandes espèces de mammifères du néo-tropique, pour certaines cultures indigènes il est même un animal totémique; en général, il est largement poursuivi et chassé pour sa chair. Ces animaux ne résistent pas à la pression humaine et vivent dans des endroits éloignés avec peu d’intervention humaine. Toutes les activités autour de l’industrie de la cocaïne, y compris l’abattage des arbres, la colonisation, le raffinage et désormais le contrôle et l’éradication de la Coca, ont un fort impact sur les populations de tapirs, non seulement en Amazonie mais plus durement dans le Magdalena Moyen, le Catatumbo, la Sierra Nevada, l’Uraba, les zones les plus élevées des cordillères et le Sud de la Colombie.
Tous les tapirs se trouvent sur les listes rouges, étant sérieusement menacés d’extinction;et leur important rôle dans les écosystèmes, comme vecteur de dispersion des graines de beaucoup d’arbres fruitiers, dont le bois peut être exploité, font que leur disparition aurait une incidente très négative sur la santé, le développement et la succession des écosystèmes.
“Il existe quelque désaccord autour de l’âge de l’utilisation de la Coca en Amazonie occidentale. Certaines opinions penchent pour l’hypothèse d’une introduction récente depuis les montagnes andines. D’autres préfèrent croire que son usage est très ancien dans la région. En premier lieu, il faut normalement un temps considérable pour que se développe une nouvelle variété; en second lieu, les mythes de l’origine racontent que les premiers habitants de l’Amazonie sont arrivés dans un canoë tiré par un anaconda géant, dans lequel voyageaient un homme, une femme et trois plantes: le manioc, le yagé et la Coca; en troisième lieu, le plant de Coca se sème presque toujours sur un terrain différent de ceux utilisés pour les aliments, ce qui dénote son statut spécial de plante sacrée. Ces faits peuvent suggérer une grande ancienneté relative pour l’usage de cette plante en Amazonie occidentale.”
Richard Evans Schultes (1994) La liane de l’ âme
Richard Evans Schultes (1994) La liane de l’ âme
Dans les cultures indigènes des Andes, la coca est considérée comme la “divine feuille de l’immortalité” et son usage rituel est attesté depuis plus de 4 000 ans, y compris pour la momification des corps.
Beaucoup de cultures et de peuples indigènes en Colombie, comme les Barasana, les Desana, les Bora, les Andoke, les Huitoto Yuri, les Muinane, les Miraña, les Makuna, les Kubeo, les Yukuna, les Tanimuka, les Koreguaje et beaucoup d’autres dans le Catatumbo, la Sierra Nevada de Santa Marta, les cimes enneigées du Nevado del Huila, le Puracé et le Cauca; utilisent la feuille de Coca comme un supplément alimentaire journalier. Elle est une des composantes essentielles du régime alimentaire en apportant d’importantes quantités de vitamines (A et C), de minéraux (Calcium, potassium, Zinc, Magnésium, Manganèse, Fer et autres) et de fibres. On calcule que dans des cultures où le lait de vache est pratiquement inexistant comme celles des jungles et des Andes, le “mambe” de Coca apporte une bonne partie des besoins en Calcium des adultes.
La destruction de la Coca entraînerait l’appauvrissement du régime alimentaire et la culture des peuples indigènes des Andes et de l’Amazonie en Colombie, au Pérou et en Bolivie, principalement.
Le fait de “mambear” ou de mâcher de la Coca est un symbole d’hospitalité et un préalable pour les négociations et les présentations dans beaucoup de cultures indigènes de l’Amazonie; le “mambeadero” (lieu où se pratique le “mambeo”) est un lieu très spécial qui existe généralement dans la maloca ou case communautaire des villages indigènes.
Cette pratique du “mambeo” est un rituel spécial au cours duquel les hommes s’occupent à discuter et à raconter ce qui est arrivé durant la journée et ce qui est prévu pour le jour suivant. Pendant le “mambeo » on se rappelle ses ancêtres et l’histoire orale de la tribu.
“L’emploi le plus ancien de la coca en Amérique du Sud est peut-être celui qui apparaît dans diverses pratiques chamaniques et dans des rituels religieux. Comme pour le tabac, le médecin traditionnel valorisait la coca, notamment pour ses effets narcotiques; la légère excitation mentale lui permettait d’entrer plus facilement dans un état de transe dans lequel il pouvait communiquer avec les forces spirituelles de la nature et leur demander leur aide.”
R.T. Martin (1970) The Role of Coca in History, Religion and Medicine of South American Indians.
A. Cowley (1622), cité par W.G. Mortimer in History of Coca (1901)
Fusarium oxysporum est reconnu comme un grave fléau pour plus de 125 espèces cultivées dont des aliments de base dans la région comme les bananes plantains, divers arbres fruitiers, le manioc, le maïs, etc... En Équateur, il a mené à la faillite l’industrie de la banane dans les années 50 avec sa forme connue comme “Mal de Panama”, qui a éradiqué la variété bananière du moment, le “Gross Michel”, qui reste encore aujourd’hui assez décimée.
L’application massive de ce pathogène par voie aérienne emmènera aussi, à coup sur, les spores aux zones de culture et aux fermes indigènes.
“... après avoir passé plusieurs mois sur le terrain, enquêtant sur la Coca et écoutant les cultivateurs, Tim Plowman et moi sommes arrivés à la conclusion que le Programme de Substitution, composante clé dans l’effort nord-américain d’éradication de la coca, est un rêve”.
Wade Davis (1996) One River
Le plus inquiétant est de ne pas savoir quel est ou serait l’impact sur une grande quantité d’espèces végétales d’origine forestière, lesquelles sont peu connues ou restent même à découvrir.
J. F. Woodroffe (1914) The Upper Reaches of the Amazon
On dit que la forme erythroxylii de Fusarium oxysporum a été isolée dans une plantation de 200 hectares, propriété de Coca-Cola à Hawaï. Alors que les plantations de coca existant, en principe, dans les forêts colombiennes atteindrait environ 160 000 hectares, selon un rapport des mêmes autorités, la superficie moyenne de culture dans un lopin indigène est de moins de 0,6 hectares et celle d’un paysan-colon cultivateur dans le Putumayo de 2 à 3 hectares.
Diverses questions sautent alors aux yeux : si la plantation et la culture de la Coca sont légaux à Hawaï, pourquoi est-ce illégal dans son lieu d’origine? Quelle est la surface minimum autorisée? A-t-on besoin d’une autorisation pour planter la Coca aux États-Unis? Quelle institution émet l’autorisation? De plus, des cultures de 200 hectares seraient considérées, en Colombie, comme extensives et à des fins industrielles.
Ceci confirme donc qu’il y a bien de la Coca dans le Coca-Cola contrairement à ce que disent beaucoup de ses “défenseurs”. La plantation “légale” de Coca pour le Coca-Cola, comme en Bolivie et au Pérou, génère également un impact négatif sur l’environnement, ce qui se produit également dans les écosystèmes amazoniens qui sont détruits pour cultiver la Coca destinée à la production de cocaïne qui sera consommée dans les pays du nord, dans des quantités évaluées entre 600 et 1 000 tonnes annuelles.
Ainsi et malgré les condamnations qu’ils profèrent, les nord-américains et les européens seraient donc en train d’utiliser quelques 600 à 1 000 millions de doses d’un gramme de cocaïne pure par an. Comme l’on sait que la cocaïne pure est “coupée” jusqu’à trois à quatre fois sur les marchés de destination avec d’autres produits chimiques qui diminuent sa pureté, les doses annuelles consommées seraient multipliées par quatre, ce qui revient à 4 000 million de “doses personnelles”. C’est à dire que le nombre de consommateurs quotidiens de cocaÏne est d’environ 11 millions de personnes, chiffre en constante augmentation.
Mais où sont tous ces “accros”? Ils devraient être notoires et avoir un impact sérieux sur la société. Apparemment on ne les remarque pas, ils n’ont pas d’impact négatif, et sont même considérés comme des personnes utiles dans l’économie, la culture et la société puisque ce stimulant est précisément utilisé par des personnes disposant de ressources économiques confortables: cadres d’entreprise, artistes, sportifs, commerçants et personnes considérées comme “émergentes” ou “yuppies”. Si son usage est si répandu et accepté, et que les utilisateurs sont prêts à payer de fortes sommes d’argent pour en acheter, alors la cocaïne est-elle aussi mauvaise qu’on le dit?
En plus de la destruction causée aux écosystèmes forestiers d’Amérique du Sud du fait de la demande de cocaïne existant dans le nord, le contrôle chimique de la plante et la menace d’une guerre biochimique dans des régions de haute biodiversité ont un impact très négatif sur les écosystèmes et la biodiversité, et sont cause de grande préoccupation dans les milieux scientifiques et écologiques.
Actuellement, il existe d’autres activités ayant un impact grave sur la biodiversité de ces écosystèmes tellement riches et fragiles: l’industrie pétrolière, l’élevage, la guerre, les ouvrages d’infrastructure tels les routes, les centrales hydroélectriques, les lignes électriques et les oléoducs, de même que l’éradication chimique du pavot.
“L’histoire de la coca est tellement entremêlée avec les rites religieux, les superstitions, les faux concepts et les doutes modernes, que l’en débrouiller équivaudrait à démêler tous les enchevêtrements de lianes de ses forêts d’origine.”
W. G. Mortimer (1901) The History of Coca
“... Aujourd’hui, la campagne d’éradication est menée par le gouvernement des États-Unis, qui affiche, à ce jour, un nouvelle élan de bonnes intentions et toujours une plus grande ignorance de la culture indigène. Le cœur du débat, aujourd’hui autant qu’hier, n’a pas été la pharmacologie de la coca ni les effets délétères de la cocaïne. Les efforts pour éradiquer les cultures traditionnelles de coca ont en outre commencé cinquante ans avant même que n’apparaisse le trafic illégal de drogue. Le véritable point en discussion est l’identité culturelle et la survie de ceux qui ont traditionnellement vénéré la plante. Dans les Andes, si on utilise la coca, on est Runakuna, on est quelqu’un, on appartient au peuple, et la mastication de feuilles sacrées est la plus pure expression de la vie indigène. Enlevez-leur l’accès à la coca et vous détruirez l’esprit de ces gens.”
Wade Davis (1996) One River
Notes additionnelles: Beaucoup d’informations auxquelles nous nous référons ici ont été extraites de travaux d’éminents chercheurs nord-américains.
Wade Davis, auteur du best-seller One River, est membre de la National Geographic Society et a été co-chercheur et compagnon de voyage du célèbre scientifique de Harvard, Timothy Plowman, auteur de la révision du classement des espèces d’Erythroxylon et de l’origine des Cocas d’Amérique du Sud.
Le docteur Richard E. Schultes, professeur émérite de l’Université de Harvard, a vécu avec les tribus indigènes de la Colombie pendant plus de vingt ans, enquêtant sur l’usage et la connaissance traditionnelle des plantes. Il est reconnu comme le “père de l’ethnobotanique” ainsi que le “dernier explorateur victorien” et a reçu de nombreuses décorations pour ses apports à la science et à la conservation. S’il venait, depuis son lit de malade, à entendre parler des objectifs et les effets du “Plan Colombia”, il aurait très certainement une syncope.
<Note: nous apprenons avec tristesse que le docteur Schultes est décédé le 14 avril 2001 aux États-Unis.>
*Traduction: Mónica Lalinde-Moreno, Mama Coca
Schultes, Richard E. 1989; El Reino de los Dioses. El Navegante Editeurs, Bogota, Colombie.
Schultes, R. E. et Hofmann, A. 1992 (1979); Plants of the Gods.Healing Arts Press, Rochester, Vermont, Etats-Unis.
Schultes, R. E. et Raffauf, R. F. 1990; The Healing Forest.Dioscorides Press, Portland, Oregon, Etats-Unis.
Schultes, R. E. et Raffauf, R. F. 1994; El Bejuco del Alma. Editions Uniandes, Bogota, Colombie.
Wilson, Edward O. 1992; The Diversity of Life. W. W. Norton & Co. New York, Etats-Unis.
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