L'influence du trafic de drogue dans l'économie et la société colombienne est indéniable. L'exportation de drogues illicites rapporte à la Colombie une quantité de devises appréciable. De plus, les dépenses domestiques des propriétaires de ce marché d'exportation ont des effets sectoriels et régionaux également appréciables. Ce travail effectue une revue minutieuse de la littérature spécialisée dans les effets économiques du trafic de drogue. Ils renforcent la certitude que les effets économiques collatéraux du trafic de drogue -la "maladie hollandaise", la contrebande, la concentration de terres, le peu d'incitations à l'investissement national et étranger et l'altération de divers prix relatifs clés- dépassent largement les effets positifs que la presse généraliste a l'habitude de souligner.

Certes, les effets du trafic de drogue distincts des effets strictement économiques sont totalement pervers. Les drogues illicites ont joué un rôle clef dans la conversion de la Colombie en l'un des pays les plus violents du monde, où abondent les pratiques de corruption et où l'administration de la justice fonctionne de façon très précaire. De plus, le trafic de drogue a renforcé des acteurs les plus violents du conflit armé que vit la Colombie depuis plus de quarante ans. En outre, le gouvernement colombien destine un pourcentage élevé du budget national pour combattre le fléau sous toutes ses formes, négligeant les obligations en termes de santé, éducation et infrastructure.

Toute évaluation objective de ce thème se doit de conclure que, au-delà de quelques bénéfices économiques à court terme, la Colombie est probablement la principale victime du marché des drogues illicites.