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Impact des cultures illicites sur les peuples indigènes: le cas de la Colombie
(résumé)

Carlos César Perafán

Washington, D.C., janvier 1999 – No. IND – 106

Ce document, préparé par Carlos César Perafán, est basé sur le rapport final des études réalisées en préparation au Projet de développement alternatif (PLANTE) (prêt 984/OC-CO). Les premières études ont été financées par le Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD). Une version préliminaire de cette étude a été présentée dans le séminaire tenu au siège de la Banque à Washington D.C., le 17 novembre 1997.

La présente étude est le résumé d'une étude sur l'impact des cultures illicites dans les communautés indigènes de Colombie, sujet qui mérite une attention spéciale car il illustre, dans un contexte très particulier, la réalité de la grande majorité des peuples indigènes, qui sont en cours d'intégration à la société de marché, mais qui en même temps entretiennent des formes d'organisation et de valeurs qui leur sont propres.

Le travail de Carlos Perafán analyse la réalité des indigènes colombiens, qui se rencontrent à un croisement entre la pauvreté extrême et les cultures de drogue. À la différence du Pérou et de la Bolivie, la coca n'est pas une culture commerciale traditionnelle et n'a pas un rôle culturel important pour la majorité des peuples indigènes de la Colombie. De ce fait, la culture commerciale de la coca et de la marihuana, et depuis 1990 du pavot, est quelque chose de relativement nouveau, qui apparaît comme conséquence de l'appauvrissement et des fortes pressions externes que souffrent ces communautés. Dans ce contexte, comprendre non seulement les raisons non seulement économiques, mais également culturelles, peut faciliter la recherche d'alternatives économiquement viables et culturellement acceptables.

Ce travail décrit la forme sous laquelle la culture traditionnelle indigène, sa vision du monde et la lutte pour maintenir son identité, suggère une stratégie pour éliminer ces cultures illicites sans recourir à des méthodes extrêmes ou à de coûteux programmes comme la substitution de cultures ou les compensations monétaires.

Du point de vue méthodologique, l'étude offre un modèle innovateur et réplicable d'investigation anthropologique appliquée pour la préparation de projets de développement socio-économique qui soient à la fois intégraux et durables du point de vue environnemental. Dans ce sens, nous présentons les résultats comme un exemple de bonne pratique. La profonde connaissance des caractéristiques socioculturelles des différents peuples indigènes de la Colombie permet de comprendre les motifs et les modalités d'"affectation" et d'"implication" des indigènes dans les cultures illicites, et offre également une clé pour rompre le cercle vicieux des relations de dépendance. En même temps, la méthodologie d'investigation participative et proactive a établi les bases pour une nouvelle relation de dialogue constructif entre des acteurs qui ont une longue histoire d'hostilité, de méfiance et d'incompréhension.

On estime que 17 % des cultures illicites en Colombie se trouvent dans des réserves indigènes légales. Une plus grande proportion, relativement mal évaluée, se trouve dans des zones indigènes qui ne bénéficient d'aucun statut légal. À la différence de ce qui se passe en Bolivie au Pérou, la culture de feuilles de coca (ingrédients basiques de la cocaïne) ne fait pas partie de l'héritage culturel de la majorité des indigènes de Colombie. En réalité, dans beaucoup de régions, les cultures illicites ne sont pas plantées par les communautés indigènes, mais par des colons qui entrent dans leurs territoires, altérant ainsi l'économie et le système d'autorité politique traditionnelle. Au total, on calcule que 41 % des 638.000 indigènes colombiens, c'est-à-dire presque deux tiers des communautés indigènes, sont affectées d'une façon ou d'une autre par les cultures illicites.

Lors de l'élaboration de programmes d'éradication, il est important de comprendre que les indigènes, dont beaucoup de cas, voient des liens entre les événements sous forme de cadre logique métonymique, selon lequel les événements actuels sont associés avec des faits du passé, sans nécessité d'une relation de cause à effet. Si on changeait les événements passés, que l'anthropologue appelle "noeuds", il serait beaucoup plus facile de convaincre les indigènes de la nécessité d'éradiquer les cultures illicites. Son travail de terrain a découvert certains de ces nœuds, ce qui suggère des inférences pour la formulation de projets futurs. L'un d'entre eux est l’élimination en 1990 des prêts à taux bonifiés pour la production de cultures commerciales. Lorsque ce financement bon marché prit fin, beaucoup de communautés avaient accumulé des dettes et qu'elles ne pouvaient pas payer, ouvrant un espace pour que les trafiquants de drogue proposent de financer des cultures illicites. En se basant sur cette analyse, l’étude a formulé des recommandations pour que le projet PLANTE appuie des programmes prioritaires pour fortifier les économies communautaires traditionnelles. D'autres initiatives devaient protéger l'intégrité territoriale des terres indigènes, au moyen de la démarcation et de la défense des limites territoriales, ou par déplacement des colons vers d'autres zones. Un autre projet devait apporter des aides au transport fluvial, car les revenus des cultures commerciales sont insuffisants pour acheter des moteurs et du combustible.

Les nouvelles activités ne doivent pas prétendre au profit permis par les cultures de drogue, dans la mesure où les nouveaux revenus sont destinés à l'épargne et à l’investissement, spécifiquement le but de développer l'économie et l'identité des communautés indigènes au lieu de tenter de contribuer à leur érosion. L'excédent économique apparaît plutôt comme un problème pour les indigènes: l’individualisme que l'argent tend à générer porte atteinte à la solidarité sociale et l’alternative de claquer l’argent en fêtes et en boisson mène à l'alcoolisme, la violence et l'homicide.

L’étude offre un outil méthodologique innovateur qui, dans le cas de la Colombie, a montré son succès. Comme on peut le voir dans les accords signés entre les indigènes et le gouvernement en février 1982 (accord de Jambaló), les indigènes ont proposé d'abandonner les cultures de narcotiques en échange de programmes qui puissent satisfaire leurs besoins en alimentation, en services de base, en sources de travail digne, et ils ont ainsi offert une lumière au bout du tunnel. Néanmoins, si on examine le potentiel d’applicabilité de cette expérience, on rencontre des défis additionnels pour les agences internationales et les gouvernements : comment surmonter la méfiance et entamer un véritable dialogue avec les communautés indigènes ? Comment assurer que les programmes promis soient réellement mis en place de façon efficace? Comment assurer que les familles indigènes remplissent leur partie du contrat?

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